Héloïse Mansuy : "L'INF Clairefontaine m'a permis de grandir en tant que femme"

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Maintenue pour la première fois de son histoire en D1 la saison dernière, la section féminine du HAC ambitionne de s'installer durablement dans l'élite du football français. Pour cet exercice 2023-2024, les « Ciel et Marine », sous l'impulsion de leur manager général : Laure Lepailleur, ont entamé un nouveau cycle avec la nomination de Romain Djoubri sur leur banc qui s'est ponctué par un nouveau maintien. Pour connaître un peu mieux les joueuses de l'effectif havrais, nous partirons chaque mois à la découverte de l'une d'entre elle à travers la plume de leur coéquipière : Romane Enguehard. Après la capitaine Deja Davis, la gardienne Laëtitia Philippela recrue Laurie Cancel'espoir Chancelle Effa Effa, la Canadienne Elisabeth Tsé, focus sur Héloïse Mansuy.

Danse classique, gymnastique, athlétisme et finalement le football

"Ma maman, qui était dégoûtée au départ, suit désormais plus le foot que moi"

Malgré un grand frère et un papa footballeurs, Héloïse Mansuy a patienté quelques années avant d'attraper, elle aussi, le virus du ballon rond. "J'ai d'abord fait de la gymnastique pendant près de quatre ans et de la danse classique. A l'époque, ma maman, Patricia, avait insisté pour m'y inscrire mais ça n'a duré que deux mois", sourit la jeune femme, originaire de Metz. Après avoir également foulé les pistes d'athlétisme, la Havraise chausse ses premiers crampons à l'occasion d'une animation estivale organisée par le club de son quartier, la Renaissance Sportive de Magny. "J'ai directement accroché, l'éducateur m'a proposé de prendre une licence. Au final, j'ai joué là-bas, avec les garçons, jusqu'à mes 15 ans. Ensuite, comme le veut le règlement, j'ai dû rejoindre une équipe féminine". Héloïse Mansuy reçoit alors l'appel d'un homme bien connu dans la région : Frédéric Biancalani. L'ancien capitaine emblématique de l'AS Nancy-Lorraine, reconverti entraîneur de l'équipe féminine de son club de cœur souhaite qu'elle vienne renforcer son groupe, qui vise la montée en D2F. Un objectif atteint très rapidement puisqu'au terme de sa première saison avec le maillot frappé du chardon, la jeune joueuse accède, à 16 ans, à l'antichambre de l'élite.

S'ensuivent des passages au FC Metz (2014-2017), au LOSC (2017-2019) puis à l'En Avant de Guingamp (2019-2023) ; trois clubs dans lesquels elle découvre puis s'épanouit en D1F. En Bretagne, elle retrouve un visage qu'elle connaît bien. "C'était Fred Biancalani le coach quand je suis arrivée ! Après m'avoir lancé dans le monde senior, je le retrouvais en D1. C'est une anecdote sympa. Il m'a beaucoup apporté. Je lui dois énormément". Si le technicien nancéien tient une place importante dans son parcours, la défenseure n'oublie pas non plus d'évoquer le rôle prépondérant de ses parents dans sa réussite. "Ils m'ont toujours soutenu, ils n'ont jamais rechigné à faire les déplacements. Aujourd'hui encore, ils viennent régulièrement me rendre visite. C'est important pour moi car je suis très famille. Ce qui est drôle c'est que ma maman, qui était dégoûtée que je fasse du foot au départ, suit maintenant plus l'actualité footballistique que moi. Elle connaît les règles, les joueuses et elle suit même le mercato !" Comme quoi, le virus du ballon rond est très contagieux…

Héloïse Mansuy compte 34 sélections en équipe de France jeunes, des catégories U16 à U23. ©Emmanuel Lelaidier

Sa formation à Clairefontaine

"J'étais sur la liste d'attente mais par chance, il y a eu un désistement…"

Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Pour Héloïse Mansuy, cette maxime a pris tout son sens à l'issue de ses années au collège. Alors qu'elle s'éclate dans son club de la RS Magny, la future joueuse du HAC est sélectionnée pour les premiers rassemblements régionaux féminins de sa catégorie. "J'ai participé à la Coupe Nationale avec l'équipe de Lorraine U15. A l'époque, cette compétition permettait à la fédération de sélectionner les meilleures joueuses pour entrer dans les Pôles Espoirs". Ayant un an d'avance à l'école, la collégienne, née en 1997, se retrouve à postuler avec la génération « 96 ». "A l'issue du stage, j'étais sur la liste d'attente pour intégrer l'INF Clairefontaine, le pôle le plus prestigieux des sept pôles français. Les coachs m'avaient dit qu'il fallait que je patiente et que j'y rentrerai l'année suivante avec les filles de mon âge", se souvient-elle.

En septembre 2011, la Mosellane effectue donc sa rentrée en classe de Seconde dans un lycée messin. Mais au bout d'une semaine, elle reçoit un coup de téléphone. "Il y avait eu un désistement. L'une des néo-pensionnaires de l'INF avait abandonné. Il y avait donc une place de libre et comme j'étais première sur la liste d'attente… J'ai fait ma valise pour partir loin de chez moi pour la première fois". Un déracinement facilité par la présence, au sein de la promotion, de sa meilleure amie, Juliane Gathrat. "C'est un truc de dingue car avec Juliane, on se connaissait depuis très longtemps. On habitait dans la même rue quand on était petites. On a joué ensemble à nos débuts à Magny et se retrouver comme ça à passer trois ans dans un endroit comme Clairefontaine, on ne pouvait pas rêver mieux". Une chance inouïe dont Héloïse Mansuy a profité au maximum : "Je suis tellement contente d'avoir vécu cette expérience. Les conditions étaient optimales. J'ai obtenu mon baccalauréat ES. Mais surtout, ça m'a beaucoup aidé dans ma vie de femme, j'ai appris à devenir plus autonome et ça m'a ouvert les portes des équipes de France jeunes".

Un titre de Championne d'Europe U19

"Certaines familles avaient déjà éteint leur TV pensant que ça n'allait pas reprendre"

La polyvalente défenseure totalise 34 sélections sous le maillot Bleu. "Je me souviens encore de la première fois où j'ai été appelée ! C'était après un entraînement à l'INF, la coache l'avait annoncé devant tout le monde. J'étais folle de joie !", raconte-t-elle. Appelée des U16 aux U23, la n°13 des « Ciel et Marine » a eu l'opportunité de participer à de nombreuses compétitions internationales. Deux souvenirs ressurgissent lorsqu'on lui demande ses meilleurs moments sous la tunique tricolore. "J'ai du mal à choisir entre le Championnat d'Europe U19 en Slovaquie ou la Coupe du Monde U20 en Papouasie-Nouvelle-Guinée". Pourtant, les deux compétitions n'ont pas connu la même issue. "L'Euro U19, ça reste mémorable car on l'a gagné. Remporter un titre avec sa génération, c'est marquant. Mais il y a un petit goût étrange à cause du scénario de la finale…" Une finale, face à l'Espagne, arrêtée pendant près de deux heures à cause du déluge qui s'était abattu sur la ville de Senec ce soir-là. Les mini-Bleues, emmenées par les jeunes Grace Geyoro, Delphine Cascarino ou encore Marie-Antoinette Katoto, menaient 1-0 au moment de l'interruption. Alors que le terrain était pourtant impraticable, l'arbitre avait décidé de reprendre le match. Finalement, les Française l'avaient emporté (2-1) mais la fête avait été moins belle.

"Entre nous, c'était top mais on n'avait pas pu célébrer avec nos proches. Le match s'était terminé à minuit. Certaines familles avaient éteint leur télé pensant que le match n'allait pas reprendre", déplore la titulaire indiscutable au poste de latérale droit lors de cette compétition. Lors du Mondial disputé à l'autre bout de la planète, les Bleuettes avaient dû se contenter de la médaille d'argent. La Corée du Nord leur avait été supérieur en finale (3-1) ; ce qui avait empêché Héloïse Mansuy d'inscrire une nouvelle ligne à son palmarès. Mais lorsqu'on écoute la Havraise narrer ses souvenirs, on se rend bien compte que ce n'était pas le plus important : "Au-delà du football, c'était une aventure enrichissante. La Papouasie-Nouvelle-Guinée, c'est l'un des pays les plus pauvres du monde. Et pourtant, il fallait voir à quel point les gens étaient heureux. Cet événement, c'était l'événement du siècle pour eux. Les stades étaient remplis, je n'ai jamais revu une telle ambiance depuis". Un souvenir indélébile qui lui permet aujourd'hui de mesurer la chance qu'elle a d'avoir fait de sa passion, son métier.

> D1F. J22 - Guingamp (10e - 16 points) / Le Havre AC (9e - 19 points), mercredi 8 mai à 16 H 30 au complexe sportif Akademi.

Romane Enguehard

Héloïse Mansuy

  • Née le 13 février 1997 (27 ans) à Metz (Moselle).
  • Défenseure.
  • Internationale en équipe de France jeunes (U16-U23 - 34 sélections - 2 buts)
  • Sous contrat jusqu'en 2025.

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