National 2. Mouhamed Coulibaly, le roc de Besançon s'est accroché

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Cadre du Racing Besançon en National 2, Mouhamed Coulibaly a dû franchir de nombreux obstacles depuis son arrivée en France à l'âge de 19 ans. Mais, à force de travail, le milieu défensif est devenu un des joueurs les plus remarqués de son championnat. Portrait.

Les jeunes années « footballistiques » de Mouhamed Coulibaly ressemblent à celles de nombreux de ses compatriotes sénégalais : des premiers ballons frappés dans son village, un premier club à Dakar, des passages par les très réputés Galaxy Foot et AS Dakar Sacré-Cœur ; où le jeune joueur façonne son jeu et son physique et développe ses compétences. Et, au terme de sa formation, un départ vers la France où Mouhamed rêve de devenir professionnel.

Mais le chemin qu'il s'était tracé s'est révélé sinueux et pavé d'obstacles à franchir. « L'agent avec qui j'étais a eu des problèmes. J'ai raté les tests que j'aurais dû faire avec certains gros clubs en France. J'ai vécu une arrivée compliquée, alors que j'avais 19 ans et que j'arrivais dans un pays où je ne connaissais personne. »

Un de ses anciens entraîneurs au Sénégal le met en contact avec le club d'Endoume. Si l'équipe une évolue en U19 DHR, Coulibaly est envoyé avec la réserve, qui joue elle en Excellence. « L'entraîneur ne comprenait pas pourquoi je jouais avec eux me disait que je devrais être avec le groupe d'en haut. Mais comme je lui disais : « ce n'est pas moi qui choisis ». Moi je suis là pour travailler, continuer de progresser donc c'est ce que j'ai fait. »

Mouhamed Coulibaly « J’ai même songé à arrêter »

Un état d'esprit qui paye puisque la saison suivante la tour de contrôle intègre l'équipe U19 et fait même quelques apparitions en toute fin de saison avec les Seniors, qui tentent alors de décrocher leur place en National 3. « Le coach m'a fait jouer l'avant-dernier match de championnat ainsi que la finale de la coupe de Provence. Et dès la saison suivante j'avais fait l'année complète en N3 puisque l'équipe était parvenue à monter. J'ai réussi à gagner ma place et on a fini par monter en National 2. »

Coulibaly enchaîne alors plusieurs saisons avec Endoume mais le courant passe mal avec le nouvel entraîneur dont il ne fait pas partie des plans. « J'ai même songé à arrêter le football à ce moment-là », avoue le milieu de terrain.

Heureusement pour lui, son talent n'est pas passez inaperçu dans la région. Notamment auprès d'un certain David Le Frapper, l'actuel entraîneur de Besançon, qui après l'avoir croisé alors qu'il s'occupe de la réserve de l'OM, le fait venir au FC Rousset, en National 3. Mouhamed y reste deux saison, dont une première raccourcie par le COVID, et y récupère même le brassard de capitaine.

Quand Le Frapper rejoint le Racing Besançon, il prend le Sénégalais dans ses bagages. Le technicien ne tarit pas d'éloges sur lui quand il est alors interrogé par l'Est Républicain. « C'est un joueur agressif, un récupérateur, avec un bon jeu de tête, un bon jeu long. Il est remarquable dans l'état d'esprit, c'est un leader d'entraînement. Il est assidu et se comporte comme un pro. »

Depuis deux saisons à Besançon, Mouhamed rend à son entraîneur la confiance placée en lui. « La confiance, c'est la base de tout. Je préfère quelqu'un qui me dise si quelque chose ne va pas, comme ça je sais ce qu'il faut travailler. »

Le milieu de terrain sait quelles sont ses qualités mais aussi, plus important, sur quoi il doit encore s'améliorer. « Je ne suis pas quelqu'un de très technique. Ma principale force, c'est la puissance, dans l'impact, dans les duels. Je travaille beaucoup mon cardio également  pour pouvoir être bien rythmé en match. Je sais que je dois aussi davantage me maîtriser dans mon comportement. Quand il y a une décision qui me semble injuste j'ai tendance à vite me frustrer et dans l'impact, je ne rigole pas trop, j'y vais peut être un peu trop fort. »

Le Racing peut compter sur son combattant pour une fin de saison qui s'annonce compliquée avec 4 points de retard sur le 8ème du classement et seulement deux matchs à jouer. « Mais on va tout donner jusqu'au bout. Je ne sens pas d'abattement dans l'équipe. Il n'a souvent manqué que le résultat alors que les contenus étaient bons. Il faut qu'on s'appuie sur ça, qu'on gagne de notre côté nos matchs et qu'on espère un petit miracle se crée pour qu'on puisse se maintenir puisque nous n'avons plus notre destin en mains. »

Sur le plan individuel, Coulibaly a lui réalisé une grosse saison et s'est fait remarquer. De là à le voir évoluer plus haut à l'avenir ? « Pour le moment je n'y pense pas car il y a la saison à terminer. Mais je sais que j'ai les qualités pour aller plus haut et n'importe quel joueur nourrit ce genre d'ambitions. Le National, le niveau professionnel… C'est forcément un objectif dans ma tête. Je travaille tous les jours pour et je suis prêt à continuer mes efforts  pour réaliser coûte que coûte ce projet. »

Mouhamed Coulibaly aspire à continuer de vivre ses rêves. En continuant d'être inspirant par son abnégation et son travail, il se donne en tout cas les moyens de les réaliser.

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